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LE MÉNESTREL

ruso et Morghen, est défunte après sa première représentation, qui a été la dernière. Par contre, à Naples aussi, mais au théâtre des Variétés, gros succès pour une opérette nouvelle intitulée Rugantino, livret de M. Almerigo Ribera, musique fort gracieuse, paraît-il, du maestro De Gregorio, « remarquable, dit un journal, par d’excellentes qualités artistiques qu’il serait très fâcheux de ne pas voir encourager. »

— À Cesena, dans un spectacle de bienfaisance, on a donné la première représentation d’une opérette intitulée un Casino di campagna, musique de M. Gamberini, jouée par quelques élèves des écoles féminines supérieures.

PARIS ET DÉPARTEMENTS

À l’Opéra, mardi prochain 14 juillet, on donnera en spectacle gratuit l’Hamlet d’Ambroise Thomas avec la Marsellaise, en guise d’entr’acte, bien entendu. Cette année, par contre, en ce jour de réjouissance publique l’Opéra-Comique chômera pour cause de graves réparations au plancher de la scène. On s’est aperçu qu’on jouait depuis pas mal de temps non pas sur un volcan, mais sur un terrain mal solide qui ne demandait qu’à s’effondrer et à ensevelir dans les dessous du théâtre tous ceux qu’il portait. Il n’était que temps d’aviser. C’est d’une réfection presque complète qu’il s’agit.

— L’hiver prochain nous aurons deux Don Juan, l’un à l’Opéra, l’autre à l’Opéra-Comique. — À notre Académie nationale de musique, MM. Bertrand et Gauilhard feront exécuter le chef-d’œuvre de Mozart par MM. Renaud, Delmas et Mme Caron. Sur notre seconde scène lyrique, M. Carvalho fera chanter Don Juan par MM. Maurel et Fugère, Mme Nina Pack et Mlle Lejeune qui fera ses débuts dans le rôle de Zerline. — Ce n’est pas la première fois que nos différentes scènes de musique donnent en même temps le chef-d’œuvre de Mozart. Vers la fin de l’Empire, l’Opéra, le Théâtre-Lyrique, dirigé par M. Carvalho et le Théâtre-Italien jouèrent Don Juan presque simultanément. L’exécution féminine fut surtout des plus brillantes au Théâtre-Lyrique avec Mmes Miolan-Carvalho (Zerline), Nilsson (Elvire), et Mme Charton-Demeur (Donna Anna) et au Théâtre-Italien avec Mmes Patti (Zerlina), Tiberini (Elvira) et Penco (donna Anna). Les deux don Juan les plus remarqués furent l’admirable Faure à l’Opéra et Graziani au Théâtre-Italien, où Zucchini dans Leporello et Gardoni (Ottavio) complétaient une exécution parfaite. À l’Opéra, les trois rôles de femmes étaient tenus par Mmes Marie Battu, Guyemard et Marie Sasse.

M. Carvalho se rapprochera le plus possible, pour le Don Juan qu’il projette, de la version originale de Mozart, telle qu’on va la représenter à Munich. C’était à l’origine un opéra semi seria, sans grande prétention, avec vingt-cinq musicien à l’orchestre. L’Opéra y mettra plus de pompe, selon son habitude.

— Vendredi, à l’église Saint-Augustin, on a célébré un service de bout de l’an à la mémoire de Mme Miolan Carvalho. La nef entière était remplie d’une foule émue, tant le souvenir de la grande artiste reste toujours vivace dans le cœur de ses nombreux amis. M. Carvalho et son fils en étaient profondément touchés.

— Puisque nous parlons de Mme Carvalho, disons que le sculpteur Mercié a déjà terminé son projet pour le monument qu’on se dispose à élever en l’honneur de la célèbre cantatrice. C’est une maquette d’un jet superbe, où le long, d’une stèle, Mme Carvalho est représentée en pied dans une sorte d’extase religieuse, comme elle était dans la prison de Marguerite lorsqu’elle chantait : Anges purs, anges radieux.

— On peut voir, en même temps, dans l’atelier de M. Mercié, et déjà fortement ébauché, le monument pour Charles Gounod. Au pied du buste du compositeur, un ange joue sur l’orgue, entouré des trois grandes héroïnes célébrées par le maître : Marguerite, Juliette et Sapho. Le tout d’une très belle envolée.

— Ambroise Thomas a légué au Conservatoire de musique ses partitions d’orchestre. En suite de cette disposition, Mme Ambroise Thomas vient de remettre à M. Weckerlin, bibliothécaire du Conservatoire, les ouvrages dont les titres suivent : le Guerillero, le Songe d’une nuit d’été, la Tonelli, le Caïd (moins l’ouverture), la Cour de Célimène, Psyché (en deux versions), le Carnaval de Venise, le Roman d’Elvire, Mignon, Hamlet, Françoise de Rimini et le ballet de la Tempête. — L’ouverture du Caïd avait été prêtée à un chef de musique qui a oublié de la rendre ; Ambroise Thomas n’a jamais pu se rappeler son nom, pas plus que son adresse. Ne prêtez jamais vos livres ni vos partitions.

— Cette semaine, à l’Opéra, dans un entr’acte d’Aïda, M. Gailhard a réuni le personnel des chœurs dans un des foyers de répétition et a présenté à ces artistes leur nouveau chef, M. Claudius Blanc, qui remplacera dorénavant le regretté Delahaye. M. Claudius Blanc a pour successeur dans ses fonctions antérieures de second chef des chœurs, M. Mestre, qui était souffleur, lequel est lui-même remplacé par M. Idrac. M. Claudius Blanc est prix de Rome et l’auteur, avec M. Léopold Dauphin, de Sainte Geneviève de Paris, partition exécutée au théâtre d’ombres du Chat Noir, et de nombre de jolis petits recueils comme la Chanson des joujoux, Rondes et Chansons d’avril, Chansons d’Écosse et de Bretagne, etc. Ajoutons qu’il a été pendant plusieurs années directeur du Conservatoire de Marseille.

— La commission supérieure des théâtres, au conseil municipal de Paris, se trouve composée de la façon suivante pour l’exercice 1896-97 : MM. Grébeauval, Despatys, Paul Strauss, Georges Villain et Quentin-Bauchart. On sait que l’un des membres de cette commission, M. Georges Villain, est l’auteur d’un projet de reconstitution du Théâtre-Lyrique, qu’il voudrait, avec l’appui de la Ville, voir installer dans la salle du Châtelet, à l’expiration du bail de celle-ci.

— L’auteur anonyme de la partition Sextus, qu’on avait fort remarquée au concours musical de la Ville de Paris et à laquelle on avait attribué une prime de 3.000 francs, s’est fait connaître. C’est M. Colomer, le musicien très distingué et trop modeste, qui n’est certainement pas au plan qu’il devrait occuper. Nous avons publié de lui, il y a quelques années, sous le titre Rondels de mai, une petite suite de mélodies qui sont des pages fines et délicates et qui mériteraient certainement d’être plus connues.

— Suite des résultats des concours à huis clos au Conservatoire :

Piano, classes préparatoires (hommes). 4 Juillet. 6 concurrents.

1re médaille : M. de Lausnay ; 2e médaille : M. Galland ; 3e médaille : M. Moscan. Tous élèves de M. Decombes.

Harmonie (femmes). 6 Juillet : 12 concurrentes.

Pas de 1er prix. 2es Prix : Mlles Meyer, élève de M. Barthe, et Lhote, élève de M. Chapuis. Pas de 1er accessit ; 2es accessits : Mlles Grumbach et Hansen, élèves de M. Chapuis.

Fugue. 7 Juillet. 15 concurrents.

1er Prix : M. Caussade, élève de M. Théodore Dubois. 2e Prix : MM. Estyle, et Gonard, élèves de M. Ch. Lenepveu. Pas d’accessits.

Piano, classes préparatoires (femmes). 8 Juillet. 24 concurrentes.

1res Médailles : Mlles Debrie et Ploquin, élèves de Mme Tarpet-Leclerc ; 2es médailles : Mlles Nosny, Franquin, Bousquet, élèves de Mme Tarpet-Leclerc, et Joffroy, élève de Mme Trouillebert ; 3es médailles : Mlles de la Bouglise, élève de Mme Chené Robillard, élève de Mme Tarpet-Leclerc, Bournac, élève de Mme Trouillebert, Grumbach et Brisard, élèves de Mme Chené.

Violon, classes préparatoires. 9 Juillet. 14 concurrents.

1re médaille : Mlle Schneider, élève de M. Desjardins ; 2es médailles : Mlle Védrenne, M. Quesnot, élèves de M. Desjardins, et Mlle Schück, élève de M. Hayot. 3es médailles : M. Kronenberger, élève de M. Hayot, Mlle Coudart, M. Chailley, élèves de M. Desjardins, et M. Dorson, élève de M. Hayot.

Orgue. 10 Juillet. 5 concurrents.

Pas de 1er prix. 2e Prix : M. Quex ; 1er accessit : M. Harnisch. Tous deux élèves de M. Widor.

— Une erreur de transcription nous a fait attribuer à la classe de Paul Vidal le nom de Mlle Poigny, qui a obtenu une 3e médaille au concours de solfège pour les chanteurs. Mlle Poigny est élève de M. Édouard Mangin.

— Concours de l’École classique de musique et de déclamation dirigée par M. Édouard Chavagnat :

Ensemble instrumental, section violon : 1er prix Mlle Bourdelas et M. Hasslauer ; 2e prix, MM. Agarant et Mancel ; 2e accessit, M. Claveau. — Section piano : 1er prix, Mlle Soulé ; 2e prix, Mlles Petit et Laffolay ; 2e accessit, Mlles Tousaint et Combesferrier. Tous élèves de M. Chavagnat.

Violon supérieur : 1er prix, Mlle Lavarenne ; 2e prix Mlle Barèges et M. Hasslauer ; 1er acc., M. Mancel ; 2e acc., M. Neuberth. Tous élèves de M. Bergès.

Déclamation, tragédie (hommes) : 2e prix. M. Grandjean ; 2e acc., MM. Baillet et Dervy ; (femmes) : 2e prix, Mlle Tugot. — Comédie (hommes) : 1er prix, M. Grandjean ; 2e prix, MM. Clerc et Duvernet ; 1er acc., M. Deroy ; 2e acc., M. Versanne ; (femmes) 1er prix, Mlle Tugot ; 2e prix, Mlle Delaspre ; 1er acc., Mlle Morizot ; 2e acc., Mlle Schatz. Tous élèves de Mme Victor Roger.

Déclamation lyrique, opéra (hommes) : 1er prix, M. Debray ; 2e acc., M. Germain ; (femmes) : 2e prix, Mlle Brack ; 1er acc., Mlle Braquehais. — Opéra-comique (hommes) : 1er prix, M. Debray ; (femmes) : 2e prix, Mlle Braquehais ; 1er acc., Mlle de Witte ; 2e acc., Mlle Saint-Martin.

— Nous apprenons que notre confrère Albert Soubies, dont les travaux sur le théâtre et la musique slaves avaient été justement remarqués, vient d’être nommé chevalier de l’ordre de Saint-Stanislas, de Russie.

— Le distingué pianiste-compositeur Ferdinand de Croze clôturait jeudi dernier ses cours d’harmonie et d’exécution par une soirée qui fut un concours entre ses élèves. Mlle Jane Michel (d’Uzès) a remporté le plus vif succès en interprétant avec style et grâce le Menuet de Boccherini (transcription de Planté), la Gigue américaine de Redon et la triomphale Grande Marche de Ferdinand de Croze ; aussi est-ce par des applaudissements répétés qu’on a salué le prix d’honneur décerné à cette jeune exécutante du plus grand avenir. Le maître, quand ses élèves eurent pleinement démontré l’excellence de sa méthode, tint lui-même l’auditoire sous le charme en donnant, avec les compositions des grands maîtres, la primeur de quelques-unes de ses œuvres inédites.

— Matinée très réussie chez le virtuose et professeur Mme Zwierkowska. Ont été très applaudis : la Source capricieuse, de L. Filliaux-Tiger, et Entr’acte-Mignon, de Thomas. L’air d’Hérodiade, de Massenet, a remporté un véritable succès.