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Le kénien.

chariots de fer, qui avait foulé les champs fertiles d’Is­raël. Là était le tyran qui avait opprimé si longtemps le peuple bien-aimé de Dieu, et il fut livré entre ses mains ; et cette femme, cette femme d’entre les Gentils, donna courageusement le coup pour Israël et pour Dieu. « Il s’est courbé entre ses pieds ; il est tombé, il a été étendu entre les pieds de Jahel ; il s’est courbé, il est tombé, et au lieu même où il s’est courbé, il est tombé là tout défiguré. Qu’ainsi périssent, ô Éternel ! tous tes ennemis : et que ceux qui t’aiment soient comme le soleil quand il sort en sa force ! Or le pays fut en re­pos quarante ans. » Bénis furent Zabulon et Nephtali, champions d’Israël, avec leur chef Barak ; bénie aussi fut Débora, cette mère en Israël, avec ses appels éner­giques. Bénies furent les étoiles des cieux qui avaient combattu du lieu de leur cours contre Sisera. Béni fut le torrent de Kison qui balaya les Cananéens du champ de bataille, mais bénie, bénie bien plus encore, fut la femme courageuse et fidèle ; oui, bénie par-dessus tous fut Jahel, femme de Héber, Kénien.

Mais ne me sera-il pas permis de m’arrêter un in­stant pour rappeler à ceux qui sentent et qui appré­cient le bonheur ainsi décrit, que nul ne peut entrer pleinement dans l’affliction d’un autre, aussi long­temps qu’il est lui-même sous le poids de cette afflic­tion. Héber n’avait pas commis le péché d’Israël, et ainsi n’était pas soumis au sceptre de fer de Sisera. Dieu ne l’avait pas livré entre les mains du Cananéen. Libre lui-même des angoisses de l’oppression, il pou­vait sympathiser aux misères des opprimés, porter leur fardeau, et chercher leur délivrance, comme si c’eût été la sienne propre. Ce n’est pas lorsque nous sommes