pas parfois (plût à Dieu que ce fût plus fréquent ?[1]) le besoin de joindre le jeûne à la prière, ou de prier en jeûnant, afin de pouvoir le faire avec plus d’instances. Si le désir du relèvement est vraiment senti, il conduira de lui-même au sentiment du besoin du jeûne. Hélas ! il nous arrive quelquefois de penser à nous réjouir, quand nous devrions sentir nos misères et pleurer, quand Dieu nous appelle à nous humilier en confessant nos infidélités. Combien de fois le poignant reproche, adressé à Israël, en Ésaïe XXII, 12, 13, n’a-t-il pas pu s’appliquer aussi à des chrétiens sans intelligence et sans spiritualité ?
Notre frère demande enfin : « Pourquoi les apôtres instituent-ils le jeûne en 1 Cor. VII, 5 ? » J’avoue que je ne saurais pas voir là « l’institution du jeûne. » Il ne s’agit, dans ce passage, que d’un mari et d’une femme que des circonstances à eux particulières : une épreuve, la conduite de leurs enfants, le désir de leur conversion, par exemple, invitent à des prières spéciales, auxquelles, d’un consentement mutuel, ils unissent le jeûne, pris ici dans un sens très-général. Au reste, le mot « jeûne » ne se trouve pas ici dans les meilleures éditions critiques du Nouveau Testament, et il faut simplement lire, comme l’indique la Version nouvelle : « afin que vous vaquiez à la prière. »
En résumé, si l’on nous demandait : comment de-
- ↑ L’apôtre Paul usait souvent de ce grand moyen de soutenir et d’entretenir la spiritualité, comme nous le voyons dans 2 Cor. VI, 5 et XI, 27. Cependant, les jeûnes, dans ces passages, pourraient signifier des « jeûnes forcés, » faisant partie des afflictions de l’apôtre. Ils sont pourtant distingués de la faim et de la soif dans le dernier passage.