Page:Le Mierre-Oeuvres-1810.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Des veuves de Céteus le combat glorieux :

L'une, à qui de l'hymen aucun gage ne reste,

Tire son droit de mort d'un état si funeste ;

L'autre, du gage même enfermé dans son sein ;

Et celle que la loi force à céder enfin, [120]

Qui se voit enlever le trépas qu'elle envie,

N'entend qu'avec horreur sa sentence de vie.

Tu les plains de mourir, toi qui connais nos lois,

Ces victoires sur nous, ces maux de notre choix !

Ici tout est extrême. Eh ! Vois nos solitaires, [125]

Des fakirs, des joghis les tourmenps*** volontaires.

Vois chacun d'eux dans l'Inde à souffrir assidu,

L'un, le corps renversé, dans les airs suspendu,

Sur les feux d'un brasier pour épurer son âme,

L'attiser de ses bras balancés dans la flamme ; [130]

Les autres se servant eux-mêmes de bourreaux,

Se plaire à déchirer tout leur corps par lambeaux ;

L'autre habiter un antre ou des déserts stériles ;

Sous un soleil brûlant plusieurs vivre immobiles ;

Celui-ci sur sa tête entretenir les feux [135]

Qui calcinent son front en l'honneur de nos dieux.

Vois sur le haut des monts le bramine en prières,

Pour vaincre le sommeil s'arracher les paupières ;

Quelques-uns se jeter au passage des chars,

Écrasés sous la roue, et sur la terre épars : [140]

Tous abréger la vie et souffrir sans murmure,

Tous braver la douleur et dompter la nature.

Le Jeune Bramine

Ah ! Du moins à souffrir aucun d'eux n'est contraint,

Ne gémit de ses maux, et ne veut être plaint ;