Page:Le Mierre-Oeuvres-1810.djvu/255

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Précipiterait-on cet appareil tragique ?

L'Officier

.

Ô superstition ! L'indien fanatique [900]

Ne demandait la trêve, en ces funestes lieux,

Que pour favoriser un spectacle odieux,

Pour laisser au bramine, impunément barbare,

Le loisir d'attiser le bûcher qu'il prépare.

Le Général

J'apprêtais ce triomphe au bramine endurci ! [905]

Pour la faire périr on me jouait ainsi !

Ah ! D'indignation tout mon coeur se soulève.

Retournons vers mon camp, et que la guerre achève

De purger ces climats d'un peuple aussi pervers.

Allons : les perdre, amis, c'est servir l'univers... [910]

Mais la trêve subsiste, et ma foi n'est point vaine.

L'honneur me tient aussi dans sa funeste chaîne,

Et sa loi tyrannique accable en même temps

L'innocence qui souffre, et moi qui la défends.

Que je tienne à l'honneur, l'humanité murmure ; [915]

Que je veuille être humain, il faut être parjure ;

Que dis-je ? Exterminer cette triste cité,

Tout un peuple, est-ce là servir l'humanité ?

Non ; du lâche bramine et de son artifice,

J'ai peine à croire encor le gouverneur complice ; [920]

De tant de perfidie il n'a pu se noircir :

Près de lui, sans tarder, courons nous éclaircir ;