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Page:Le Monde moderne, T4, 1896.djvu/690

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leurs chagrins en mots et en rythmes incompréhensibles :

Tu fis pendant quinze ans mon bonheur ;
Ce court espace, la Mort l’a réduit.
Cruelle Mort, tu laisses dans mon cœur
Le souvenir de toutes tes vertus.
Comment oublier ce cruel sort
Quand j’ai sous les yeux
Ta fille qui faisait ton essort (?),
Ton fils orné de tes beaux yeux…


monument de raspail, par etex

Et le poème, interminable, continue sur ce ton.

L’amour de la propriété se décèle dans le soin minutieux qu’a mis un marchand de vin, décédé en 1832 sans postérité, à nous prévenir que « son terrain lui appartient à perpétuité, par pièces dûment enregistrées par-devant Me X…, notaire, et que nul autre que lui ne pourrait en prendre possession sans son autorisation ».

Il arrive aussi que, par un sentiment de vanité non déguisé, une personne bien vivante a fait d’avance élever sa statue sur la tombe destinée à recueillir ses restes.


bas-relief de david d’angers

Celui-ci se console facilement :

Le Souvenir, présent céleste.
Ombre des biens que l’on n’a plus,
Est encore un plaisir qui reste
Après tous ceux qu’on a perdus.