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Page:Le Monde moderne, T4, 1896.djvu/696

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gistra 121 crémations. Il y en eut 134 en 1891 ; 159 en 1892 ; 180 en 1893 ; 216 en 1894 ; 287 en 1895.


la « douleur », par barrias

Mais ce ne sont pas ces incinérations payantes qui fournissent au monument du Père-Lachaise son principal « travail ». Chaque jour, les hôpitaux y envoient les débris d’amphithéâtre et les corps qui n’ont pas été réclamés par les familles. La statistique nous fournit, pour les huit années qui viennent de s’écouler, une moyenne de 4,000 cadavres consumés de cette façon, par an. Les corps venant des hôpitaux sont placés chacun dans une bière en bois de peuplier, et on les brûle généralement trois par trois. Les cendres sont ensuite déposées en un lieu spécial de la Nécropole.

L’on n’aura plus maintenant à s’étonner d’avoir vu fumer presque constamment une des cheminées de la construction crématoire puisque l’on saura que près de trente-cinq mille personnes y ont déjà été réduites en cendres.

Le Columbarium, auquel le temps n’a pas mis encore sa patine, ne donne pas l’impression de tristesse d’un immense monument funèbre. Sur sa pierre blanche, les plaques de marbre ou de métal produisent, avec leurs inscriptions en lettres d’or, l’effet d’un mur d’église orné d’ex-voto commémoratifs. Mais il y manque l’ombre et la solennité troublante du lieu.

Quand le soleil se joue à travers ces colonnettes, ces arcades, ces couronnes de forme spéciale et de dimensions exiguës, la Mort nous apparaît dépourvue de son caractère mystérieux et grandiose.

Et rien qu’à cause de cela, les hygiénistes et les philosophes pourront célébrer longtemps les avantages de la cré-


monuments anatole de la forge et alphand