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Page:Le Monialisme, Histoire galante (2e éd.), 1777.djvu/112

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Trouvez-vous, mon cœur, ce soir à neuf heures au pavillon ; engagez Susanne d’y venir avec vous. Le Bernardin étranger est fort amoureux d’elle, et ne peut pas se résoudre à partir sans la voir. Je la connois assez complaisante pour s’y prêter : qu’il n’y ait que vous deux qui le sçachiez. En attendant ce doux moment, je suis le plus humble des vôtres.

Professeur.

J’annonçai le rendez-vous à cette aimable fille ; elle ne sçavoit qu’en penser, et elle me répondit qu’elle n’en avoit donné à personne. Lisez, lui dis-je, madame ! fort bien, monsieur Guignolet, reprit-elle, il faut donc aussi que je vous le prête ? Nous convînmes de nous y trouver. J’avertis ma Bonne de tout, car je ne pouvois rien lui cacher. A l’heure marquée, après nous être mis à la légere, nous nous rendîmes au pavillon : lorsque je les entendis frapper, je dis à Susanne de se cacher, pour donner un peu d’inquiétude à l’autre ; je leur ouvris. Ils entrerent tous les deux avec beaucoup d’empressement. D. Guignolet cherchant des yeux et ne voyant pas Susanne, d’un air un peu interdit, la