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Page:Le Monialisme, Histoire galante (2e éd.), 1777.djvu/140

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guois ainsi mes caresses à d’autres : cela m’a fatigué, et est cause qu’intérieurement je me le suis reproché.

Susanne.

Ecoute-moi : D. Delabrisse te doit être plus cher qu’aucun autre ; c’est ainsi que je traite D. Rigot : mais il ne faut pas pousser l’affection au point de refuser les occasions favorables qui se présentent. La liberté est une belle chose, ma chere amie, et la diversité des mets ranime l’appétit. Quoique je jouis avec Rigot d’un certain plaisir que je ne goûte pas avec un autre, parce que je l’aime réellement ; tu dois l’éprouver avec le tien ou tu l’éprouveras dans la suite : je ne suis pas fâchée de changer de temps à autre : si cela ne me satisfait pas le cœur ma passion du moins en est flattée. D’ailleurs selon notre plan, nous ne pouvons pas faire autrement ; et je le trouve parfaitement bien établi pour détruire entre nous tout sujet de jalousie et de division, car si chacune, par exemple, promettoit au sien, une exacte fidélité, dès ce moment on se donneroit des entraves ; les démarches deviendroient suspectes de part et d’autre, on voudroit avoir son petit coin séparé, et s’il arrivoit que l’on se manquât