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Page:Le Monialisme, Histoire galante (2e éd.), 1777.djvu/41

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Félicité.

C’est pour ne pas nous séparer l’une de l’autre que je t’ai engagée à embrasser le même état que moi ; cependant si j’étois mal-heureuse je t’en détournerois ; mais au contraire, je suis plus heureuse que je ne serois dans le monde ; je jouis ici de tous le agrémens de la vie, sans encourir ses incommodités. Les Femmes sont faites pour servir de compagnes aux hommes, et se trouvent on ne peut mieux de leur commerce ; tu as vu combien il est doux d’en tenir un entre ses bras, puisqu’ils sont constitués de façon à satisfaire nos besoins ; tu l’éprouveras dans la suite. C’est avec satisfaction que je t’ai vue former, et que je me suis apperçue que tu avois le cœur sensible : tes petites fredaines avec dom Delabrisse ne m’ont pas échappées ; les marchands d’oignons se connoissent en ciboules, ma chere ami, et lorsque je te surpris au parloir avec lui, vos airs interdits m’en dirent assez : je suis charmée que tu ayes fait sa connoissance, et suis si éloignée de nuire à vos amours, que je te fournirai même les occasions de le voir.

Angélique.

Que je vous aurai d’obligation, ma Bonne !