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Page:Le Monialisme, Histoire galante (2e éd.), 1777.djvu/46

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Anselme m’avoit suffisamment instruite ; je pris aussi la résolution, s’il revenoit, de ne pas le traiter avec tant de complaisance. Le lendemain ma Bonne me mit au fait de tout ; je renouvellai les promesses que je lui avois faites de prendre le voile dès que l’âge me le permettroit, et après dîner je fus travailler chez la Prieure, ainsi que j’en étois convenue. Elle fut très-sensible à mon attention, et fort réservée ; je la payai de la même monnoie, et rendis compte à ma parente de toute notre conversation. Je rendis aussi ma visite aux autres dames, et en fus on ne peut mieux reçue ; mais celle à qui je donnois la préférence étoit Susanne, et je ne tarderai pas à la traduire sur la scene. Je reçus une lettre de dom Delabrisse : elle vint fort à propos, et me consola de son absence.

Mademoiselle,

Je m’étois flatté hier de jouir du plaisir de vous voir, mais un malheureux contretemps m’a privé de cet avantage. J’espere cependant dans peu vous dire de vive-voix ce que ma plume ne peut vous tracer que d’une maniere succinte. Si jamais homme à sçu apprécier son bonheur,