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Page:Le Monialisme, Histoire galante (2e éd.), 1777.djvu/47

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je puis vous assurer, Mademoiselle, que c’est votre serviteur. Votre entrée à l’Abbaye est l’époque des chaînes que je porte ; chaînes précieuses, et que je préfere à la plus superbe couronne. Malgré que vous étiez dans un âge à ne fixer encore personne, je me suis senti engagé par une puissance invisible à vous prêter mes soins ; et mon etoile m’a si bien servie, que je jouis actuellement de la satisfaction de voir éclore la fleur que j’ai presque cultivée de mes propres mains : c’est à moi à la cueillir belle Angélique ; je m’entretiens dans cette espérance. Vingt fois par jour je quitte mes occupations les plus sérieuses, pour ne m’occuper que de vous ; j’attends avec impatience le moment de pouvoir vous dire et vous témoigner combien vous méritez [d’être] aimée, et je me flatte que des surveillantes ne viendront pas mal à propos troubler notre entretien.

J’ai l’honneur d’être avec les sentimens les plus tendres,

Mademoiselle,
Votre très-humble serviteur
Dom Delabrisse.

Cette lettre me plut beaucoup ; j’en compris le sens tout entier, et la montrai à ma