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Page:Le Monialisme, Histoire galante (2e éd.), 1777.djvu/78

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lorsqu’on est de part et d’autre maître de ses volontés. Je passai une partie de l’après dîner à répondre à une lettre que dom Delabrisse m’avoit écrite, et que voici.

Mademoiselle,

Que n’éprouve-je pas depuis la derniere fois que j’ai eu l’honneur de vous voir ! mille réflexions m’accablent, et je ne sçais qu’en penser ; ce qui augmente encore mes peines, c’est que dans la derniere visite que je vous ai rendu, vous avez paru recevoir en badinant tout ce que je vous ai dit : si réellement vous ne me dédaignez pas, pourquoi feindre ainsi ? Je n’ignore pas ce qui se passe entre mes confreres et ces dames ; je suis aussi intéressé qu’eux à tenir le secret ; je les sçais tous heureux, serai-je le seul malheureux ? Si vous ne deviez pas embrasser le même état que moi, je serois obligé de prendre mon parti, ne sçachant cependant pas trop comment je pourrois m’y résoudre ; mais bientôt nous devons être unis et aggrégés au même ordre ; pourquoi ne pas unir nos deux cœurs ? Lorsque j’aurai fini mes études, je me fixerai dans la maison où je suis, et je pourrai vous donner très-souvent les témoignages les plus sinceres de l’amour le plus con-