Page:Le Negre du Narcisse, trad. d Humieres, Gallimard 1913.djvu/168

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sous sa couverture, poussait des plaintes entrecoupées.

— Nous te soutiendrons, a pas peur, assura Belfast en bordant les pieds du nègre.

— Je sors demain matin…, on verra…, il faudra que vous autres…, marmonna Wait. Je sors demain…, pas de patron qui tienne.

Il leva un bras à grand-peine et se passa la main sur le visage.

— Ne laissez plus ce cuisinier…, souffla-t-il.

— Non, non, dit Belfast en tournant le dos à la couchette. Il verra ce qu’il prend s’il t’approche.

— Je lui casse la gueule ! exclama faiblement James Wait dans un paroxysme de débile rage ; je ne voudrais tuer personne, mais…

Il haletait très fort, comme un chien après une course au soleil. Quelqu’un au dehors, tout contre la porte, brailla :

— Il se porte aussi bien que n’importe qui !

Belfast mit la main sur le bouton de la porte.

— Dis donc ! appela James Wait, précipitamment et d’une voix si claire que l’autre pivota d’un sursaut.

James Wait, étendu, noir et cadavérique, dans l’éblouissante lumière, tourna la tête sur l’oreiller. Les yeux fixaient Belfast, adjurateurs et impudents.

— Je suis un peu faible d’être resté couché si longtemps, fit-il distinctement.

Belfast approuva d’un signe de tête :

— Mais je me remets, insista Wait.

— Oui. J’ai bien remarqué que ça allait mieux depuis… un mois, dit Belfast en regardant par terre. Eh bien ! Qu’est-ce qu’il y a ? cria-t-il et il sortit en courant.

Immédiatement, il fut aplati contre la paroi de la dunette par deux hommes qui le heurtèrent. Un vacarme