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Page:Le Negre du Narcisse, trad. d Humieres, Gallimard 1913.djvu/169

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de disputes semblait l’envelopper. Il se dépêtra et vit trois formes indécises debout, isolées, dans l’ombre moins opaque, sous l’arche de la grand-voile qui montait au-dessus de leurs têtes comme la muraille convexe d’un haut édifice. Donkin sifflait.

— Tombez dessus…, il fait noir !

Le groupe s’ébranla vers l’arrière puis s’arrêta net. Donkin, agile et maigre, passa, rasant le sol, le bras droit décrivant un moulinet, puis fit halte soudain, les doigts rigidement étendus vers le ciel. On entendit filer en tournoyant quelque objet lourd qui passa entre les têtes des deux officiers, ricocha lourdement le long du pont, frappa le panneau pour finir d’un choc pesant et sourd. Massive, la forme de M. Baker se précisa :

— Reprenez votre bon sens ! cria-t-il en marchant vers le groupe stationnaire.

— Revenez, M. Baker ! héla le patron de sa voix calme.

Le second obéit à contrecœur. Il y eut une minute de silence, puis un assourdissant tapage éclata. Plus haut, la voix d’Archie, énergique, affirma :

— Si tu recommences, je dis que c’est toi !

On criait :

— Arrête !

— Lâche ça !

— Nous ne marchons pas pour ce truc-là !

La grappe humaine de formes noires oscilla vers les bastingages, puis de nouveau vers la dunette. Des ombres vagues chancelaient, tombaient, se relevaient d’un bond. Sous des pieds trébuchants, sonnaient des boucles de fer.

— Lâche ça !

— Laisse-moi !

— Non.

— Sacré…