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enthousiasme

— « Ce n’est pas pour rien, ma petite Marielle, que j’avais peur du « Manderly » de maman, peur de venir ici pour l’été. J’ai été bien malade. Je l’aurais été ailleurs, probablement, mais je me suis sentie si mal que j’ai eu peur de mourir. Je vais mieux. Je me lève, je descends. Mais viens au plus vite. J’ai besoin de ton amitié. J’ai tant peur que tu ne viennes pas que je t’envoie l’automobile. Vendredi, à quatre heures, serais-tu prête ? Arrange-toi, je t’en prie, pour pouvoir finir avec nous l’été. »

Comme Suzanne était drôle de penser que Marielle pouvait manquer à sa promesse ! Elle avait tellement hâte de partir, qu’elle ne savait plus comment faire couler les heures avant le moment du départ.

Pareilles à toutes les heures, elles coulèrent pourtant et le vendredi se leva sous un ciel absolument pur, un de ces jours rafraîchis parce que la pluie de toute une nuit les a lavés.

La mère de Suzanne était dans la voiture et n’y pouvait pas beaucoup remuer, enterrée par trop de choses qu’elle rapportait de la ville. Marielle rose et souriante prit le petit coin laissé libre pour elle.

— Oh ! Madame, que je suis contente, que vous êtes bonne de m’inviter. J’ai tellement hâte de voir votre Manderly…

— C’est moi, Marielle, qui te remercie de venir. Suzanne a bien besoin de distraction.

La maladie de Suzanne, Marielle avait eu l’esprit si occupé du château, qu’elle n’avait pas un instant songé que c’était grave. Elle s’atten-