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enthousiasme

Les trois jeunes lurons, heureux comme des princes, s’étaient assis sur le bord du wagon les jambes pendantes et admiraient de tous leurs yeux le pays qui les enthousiasmait. C’était cette belle région qui envoie au Canada tout entier tant de fruits et de légumes.

Puis ce fut Kamloops où le train devait faire un arrêt plus long. Ils descendirent. Louis qui s’attardait à examiner la locomotive aperçut soudain un agent de police militaire qui accostait ses deux compagnons. Ses papiers étaient tous en règle. Il ne s’inquiéta pas, s’approcha bravement. Mais l’agent regardant lesdits papiers ne les trouva pas assez convaincants et Louis fut véhiculé rapidement au cœur de la ville. Là, l’officier en devoir le laissa tout de suite repartir après quelques questions. À quelque chose, malheur est bon. Louis profita de l’occasion et encaissa son chèque. Ici, on eut confiance même à son air de hobo, car on le paya immédiatement.

Toutefois, tout ceci avait pris du temps. Malgré l’argent qui bourrait maintenant ses poches, Louis ne pouvait plus prendre un repas chaud. Il avala un verre de lait et un mauvais morceau de tarte. Il s’acheta un sac de galettes pires que la tarte et, en attendant son train, il descendit vers la rivière. Mal faillit lui en prendre. Les deux coups de sifflet réglementaires le firent courir à perdre haleine ; le train était long, il arriva à temps pour attraper un wagon. Il était exactement midi.

Pendant les premiers vingt milles, il resta échoué sur la plate-forme d’un wagon-citerne,