Les yeux bleus s’agrandirent sous les longs cils noirs ; la petite lampe qui depuis quelques jours fumait, s’y ralluma, le sourire devint radieux.
— Oh ! Mère !
— Oui, mon enfant. Je télégraphie à votre oncle.
La dépêche partit. La fièvre disparut. L’oncle arriva. Anne-Marie était mieux. L’automne n’était plus froid.
Pendant le trajet de retour, sur la banquette avec l’oncle-abbé, bavardant, s’informant de tout, Anne-Marie se sentit heureuse comme si la porte du ciel allait s’ouvrir.
Ce fut la porte de la maison qui s’ouvrit sous la poussée enthousiaste des enfants.
— Anne-Marie est revenue ! Anne-Marie est revenue !
Ils dansaient, lançaient leurs tuques et leurs mitaines au plafond, dansaient encore et se pendaient au cou de la grande sœur retrouvée.
Quant à l’oncle-abbé, il n’avait plus la tête cachée dans l’armoire, il n’y cherchait plus rien, mais il pleurait quand même. Des larmes de joie coulaient sur ses joues, mouillant son sourire.
Anne-Marie, Anne-Marie était revenue… La petite lampe de ses yeux bleus éclairerait de nouveau le foyer.