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enthousiasme

Et la bonne mère ajouta :

— Monseigneur ne m’avait pas dit que vous étiez aussi frêle. Croyez-vous avoir la santé ?

— Oh ! oui. Je ne suis que fatiguée. Anne-Marie se coucha. Et elle crut que sa fatigue infinie était une tentation du diable. Celui-ci lui cherchait sûrement une porte de sortie.

Elle ne céderait pas. Elle se mit à prier la Vierge. Elle ne cesserait pas un instant de prier, cela l’empêcherait de penser à la maison, car si elle y pensait, le diable aurait des chances de réussir son coup.

Elle pria, pria, tous les mystères du Rosaire y passèrent. Mais elle ne se sentait pas mieux. Le soir, la religieuse inquiète, prit sa température. Le thermomètre monta avec exagération. En lui parlant, la supérieure, sans qu’il y parût, lui arrachait le récit de toute sa vie. Cette jeune fille sûrement, n’était pas en perdition dans le monde.

La température persista. Le médecin fut appelé. Anne-Marie priait toujours. C’était le diable qui la rendait malade. Et lorsque, enfin, elle avait réussi à accepter sa vocation, à tout quitter !

Les quatre jours passèrent. Les autres postulantes arrivèrent et sans Anne-Marie entrèrent dans la clôture.

Le lendemain, la bonne mère l’apprit à Anne-Marie. Puis elle ajouta :

— J’ai réfléchi à votre cas. Quand vous serez rétablie, vous retournerez chez vous. Si plus tard, l’appel de Dieu se répète, revenez. Mais en ce moment, c’est de repos que vous avez besoin.