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Aux champignons

Pour un rien, en idée, Lucette retourne là-bas…

Pour ce parfum d’un petit coussin bourré d’aiguilles de pin ; pour une phrase dans le volume ouvert sur ses genoux : « Contre ce sapin aux branches étalées bas sur une traînée de champignons… »

Elle laisse tomber le livre ; ses mains distraites pétrissent le petit coussin, l’odeur résineuse pénètre ses narines, et Lucette pourrait se croire endormie et rêvant : le film se déroule, en couleurs que jamais ne copiera un film réalisé par des humains : en couleurs changeantes et magiques, si vives d’ailleurs que sur l’écran vous les croiriez exagérées…

Et la douceur des pas, sur ce sentier de la montagne ! Il monte, mais le cœur s’y fait et bat à l’aise. La chaleur est bonne à l’abri des arbres. Lucette laisse glisser son manteau. Elle se penche. « Contre les branches étalées bas »