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LA MAISON

et aussi sa cabine à deux hublots. Un jour nous avons vu qu’on le radoubait. Et aujourd’hui, dimanche sombre, ennuyeux, lourd, avec la pluie qui menace et ne tombe pas, nous regardons la mer sans trop d’enthousiasme, quand soudain les enfants s’écrient : « Une goélette au quai ! »

Nous irons donc au quai, puisque nous n’avons rien de mieux à faire. Ô surprise, la goélette, c’est notre Goblin rafistolé. On l’amarre comme nous arrivons, et nous n’apprenons pas par quel pouvoir il s’est rendu là, car il n’a ni moteur, ni voiles. Mais il en aura, s’il faut en croire le nouveau propriétaire. Une douzaine de gamins et d’hommes surveillent l’accostage. Sur le bateau, deux mousses improvisés ricanent, et le patron, au milieu des « capitaine » qui pleuvent en risée, raconte sa transaction, ses projets, ses espoirs.

— La coque est bonne. C’est tout du beau pin rouge. Y avait un trou dedans, mais je l’ai bouché. J’ne connaissais pas ça, j’avais vu faire le père Sirois autrefois, j’ai essayé de faire pareil. Et vous voyez, y prend pus l’eau.

— Eh non, y prend pus l’eau ! dit narquoisement l’un des mousses, qui sort de la cale deux seaux pleins au bout des bras.

Un éclat de rire gouailleur secoue l’assistance. Les quolibets pleuvent. On écrase de