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Page:Le Normand - La Maison aux phlox, 1941.djvu/124

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LA MAISON

les vagues tonnaient, léchaient tous ces hommes jusqu’à la taille, les poursuivaient, montaient comme un raz de marée, dépassaient la ligne de grève, s’infiltraient sous les hangars les plus proches.

Il semblait que ce cataclysme serait sans fin. Des trente bateaux si heureux la veille sur l’azur du flot, seules restaient trois barques affolées qui sautaient sans trêve les collines aiguës de l’onde tumultueuse.

Mais enfin, la marée dut descendre et cesser de molester les pauvres coques jetées à la côte. Et le calme revint avec le soir envelopper le monde.

Vingt-deux barques étaient détruites. Vingt-deux pêcheurs avaient perdu leur gagne-pain. Quelques autres restaient avec des coques éventrées, des mâts cassés, des voilures déchirées ; et dans cette épreuve, ceux-là se réjouissaient au moins de leur moteur retrouvé.

La nuit suivante, le vent s’en alla, si loin qu’on ne l’entendit plus. Seules les vagues marquaient encore le temps de leur rythme insondable.

Le soleil se leva rose sur la mer belle et bleue. Une grande lumière baigna le matin le plus splendide qui fût. Un matin semblable dut marquer la fin du déluge.