Page:Le Normand - La Maison aux phlox, 1941.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
AUX PHLOX
[125]

Les contours et les lignes incomparables de Percé se montrèrent sous leur jour le plus coloré, le plus joyeux. La grève semblait à l’infini plus plane, plus blonde, et si douce à l’œil, avec la ceinture éclatante de la vague blanche. Mais entre le grand Rocher roux immuable et l’île Bonaventure, la baie était nue et déserte. Les barques heureuses ne s’y balançaient plus. Tassés près des falaises, les débris des bateaux morts rappelaient tragiquement le grand désastre ; proues en pièces, mâtures brisées, agrès de pêche, bidons défoncés…

Et le contraste était gigantesque de cette mer bleue et pure qui semblait avoir tout oublié, de ce soleil bienfaisant, de ce paysage de paradis ; et du mal qui venait d’être fait à ces pauvres gens qui n’avaient plus rien…

Percé, 17 septembre 1932.