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LA MAISON

Grisette cède enfin. La voiture est toute remplie de feuillages. Marthe et Esther ont dépouillé la forêt de mousses velues et de courants délicats. Et à pleins bras, elles jonchent de verdure le perron de la chapelle recueillie.

Elles parlent, s’interpellent. Le silence a fui, mais la vie est plus belle encore que le silence. Ah ! les jolis gestes de deux petites filles gracieuses qui s’empressent à dérouler des feuillages, devant la mer, dans le soleil, à l’entrée d’une chapelle.

La moisson déposée, les fillettes remontent dans leur équipage. Grisette veut regagner l’écurie. Marthe agite autour de ses oreilles un beau fouet neuf, cependant qu’Esther, doucement encourage l’ânesse : « C’est pour les noces, Grisette, avance donc, pour les noces ! »

Et Grisette à la fin repart, et prend une route serrée par des rangées de sapins en longue file ; et, pour voir passer l’équipage et les lutins qui les mènent, il semble que les arbres se rapprochent encore.




C’est la fin d’un beau conte, qui se prépare. Il y a longtemps, longtemps, un petit garçon et une petite fille s’aimaient. Ils s’aimaient sans le savoir, sans le vouloir, sans y penser, mais ils s’aimaient et depuis toujours. Ils avaient dans les mêmes paysages, passé tous leurs