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AUX PHLOX
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étés, et sans cesse partagé les mêmes jeux. Et Grisette, déjà, en ce temps-là vivait en leur compagnie, vivait pour eux, et soumise, s’il lui plaisait de l’être.

Grisette a vieilli. Les petits enfants grandis ont passé Grisette à ceux qui venaient derrière eux. Un jour, que le soleil brillait plus, ou un soir que la lune s’était levée plus rouge sur la mer obscure, à un moment plus poétique, à une heure plus touchante, après la prière dans la chapelle pieuse peut-être, le petit garçon et la petite fille d’hier, qui s’aimaient toujours, ont senti qu’ils s’aimaient autrement. Et dans la chapelle qui les a vus passer de l’enfance à la jeunesse, ils vont s’unir demain.




Des fées travaillent à la hâte autour de la Vierge bleue de l’autel. Et les courants enlevés à la forêt, s’allongent en guirlandes, se mêlent aux fleurs blanches, et donnent peu à peu au sanctuaire un aspect de fête. Dans la maison, on dispose partout des bouquets ; du cristal brille sous les lumières ; dans de belles coupes posent des roses à profusion à côté d’argenteries qui s’étalent en telle quantité qu’on les dirait venues soudain, sous la puissance de miraculeuses baguettes ; et dans la cuisine, tout un monde s’agite autour de plats merveilleux.