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LA MAISON

et l’admiration primitives après dix ans de ménage, l’affection a beau demeurer fidèle…

Ils dépassent la petite gare endormie au soleil, et tout de suite commence la propriété. Ils s’enfoncent bientôt dans le sentier qui troue la forêt comme un tunnel, mais entre les troncs droits des conifères, ils continuent à voir la mer…

— Dire que l’eau n’a pas de couleur et qu’elle est si bleue !

L’automne approche en beauté. Les fruits rouges des quatre-saisons couvrent le sous-bois. À l’odeur du varech se mêle l’arôme des résineux.

En approchant du tennis, ils appellent pour avertir de leur présence. Mais le bruit des vagues empêche leurs voix de porter. D’ailleurs, personne n’est dehors. Ils retrouvent à leur gauche la longue grève blonde et voici l’allée bordée d’une haie qui conduit à la chapelle, d’abord, puis à la maison.

Lucette revoit tout avec exubérance ; la petite chapelle en bardeaux brunis, ses hautes fenêtres encadrées de blanc, son clocheton, son toit d’un beau vert mat, olivâtre ; l’immense maison de même teinte, presque posée sur la grève, le visage nu dans son bonnet de sapins pour ne regarder que la mer.