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AUX PHLOX
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La mer, la plage, la ceinture serrée et odorante de la forêt isolent cette clairière et le soleil l’emplit.

Jean déclare :

— C’est vrai que c’est unique.

Lucette se pend au bras de son mari qui lui dit :

— Tu es heureuse ?

Puis elle prend les devants, pousse une des trois portes-fenêtres qui éclairent le grand salon.

La bonne venait justement d’apporter le thé. Marie, qui servait, se précipite pour embrasser Lucette. Les autres entrent à leur tour, et c’est un brouhaha d’exclamations, de rires, d’explications.

Puis on s’installe.

Marie, Esther, deux invitées, Rita et Ro­lande, une tante, une cousine habitent présen­tement la maison que Lucette a connue si rem­plie, quand vivait la mère de ses amies.

Lucette ne revient jamais sans s’imaginer qu’elle la reverra vivante, que ce fut un mauvais rêve, qu’elle n’est pas morte, cette femme aux cinquante ans si frais, à la figure rose sous les beaux cheveux blancs. Le sourire des yeux gris que Lucette n’a toujours vus que joyeux, le visage de bonheur soudain lui réapparaît, précis comme une vision, au seuil de cette visite ; vision qui se lève aussi dans le souvenir d’Esther