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LA MAISON

Peu après, les voilà nageant dans une mer calme comme un lac et dont l’eau est moins froide que d’habitude.

— Du phosphore, voyez le phosphore.

Des bulles semblables à des diamants se posent sur eux, ils en ont au bout des doigts ; ils les secouent et les diamants s’en vont, puis reviennent dans leur sillage, grossissent soudain comme des cabochons et se posent sur les épaules, sur les dos.

Ils nagent, enthousiasmés du prodige. Ils ne sentent plus le froid de l’eau. Ils flottent, heureux et gais, la lune en plein visage, et la mer doucement les berce.

— Non, mais la vie est belle, s’écrie Lucette.

— La vie est belle ce soir, approuve Esther.

Elle l’est encore ensuite, au coin du foyer, autour d’un bon café fumant. Elle est si belle que même les paresseux ne songent pas au sommeil.

Maryse, entre deux éclats de rire, reprend parfois ses airs tristes. Désire-t-elle la présence de quelqu’un ? Pourquoi faut-il que Jean ne soit pour elle qu’un camarade amusant ? Lucette songe qu’autrefois, elle aurait rêvé à Louis, avec ces yeux perdus ! Et aujourd’hui, ils sont côte à côte, assez contents l’un de l’autre. Mais ils puisent leur bonheur actuel dans les