Page:Le Normand - La Maison aux phlox, 1941.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
AUX PHLOX
[145]

au plus tôt la clé de tous les mystères. J’approuve Esther. Elle sait à quoi s’en tenir. C’est ce qui manque à ceux qui maugréent sans cesse contre la vie.

— Tout de même, mes enfants, à vingt ans, il me semble qu’il vaut mieux voir la vie en rose.

— Ma tante, ma tante !

C’est Marie qui sort à son tour, du livre qui la passionne tant, pour protester. Il y a toujours un livre qui passionne Marie plus que tout au monde, plus que la vie, et elle connaît tant de livres pour une aussi petite personne que cela fait parfois scandale.

Mais Jean soudain pousse un cri :

— La lune, la lune !

Tous se détournent. Par les larges portes-fenêtres, la grande plaque d’argent sur la mer éclaire comme un réflecteur. La lune est déjà haute. De tout petits nuages tout brillants l’entourent.

— Allons nous baigner, supplie Lucette, allons nous baigner ?

Jean est tout de suite debout. Esther se dresse du même élan, ses yeux flambent de nouveau comme un feu, dans la forêt de ses cils ; les autres moins braves suivent sans enthousiasme, frissonnants d’avance.