Page:Le Normand - La Maison aux phlox, 1941.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[148]
LA MAISON


La maison d’oiseaux

D’avance, je pensais à cette maison sur la dune, avec délices ou inquiétude. Avec délices, lorsque j’imaginais la mer toute proche, la douce grève, le chaud soleil. Avec inquiétude, lorsque je pensais à la nuit et à la tempête, et que je revoyais la maison toute seule, avancée comme la proue d’un navire, au bout du banc de sable solitaire et fouetté des vents et des vagues.

Nous serions loin du monde, en un petit désert mouillé d’eau salée, de brouillards, avec autour de nous, comme sentinelles, quelques sapins, quelques épinettes, sur la pointe desquelles des corneilles, croassantes, se poseraient. Et moi qui n’ai jamais eu peur, moi qui n’ai jamais connu la douceur d’être rassurée, je me sentais pourtant tout à coup traversée d’un bref frisson d’angoisse.

Du dehors, je connaissais bien cette maison ; mais toujours je l’avais vue fermée, les volets