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AUX PHLOX
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hermétiquement clos, aveugle et inhospitalière, et blanche comme un drap sur le champ vert. La large cheminée dépassant la pente du toit m’attirait cependant. À sa vue, mon imagination partait pour un beau rêve ; un feu dans l’âtre, la mer qui bat, que faut-il de plus au bonheur ? Et j’avais fait le tour du cottage avec un peu d’envie et de rancune ; pourquoi demeurait-il vide, dans ce bel été, quand nous l’aurions habité avec un tel plaisir ?

Eh bien, nous allions l’habiter. Le trajet du train longeant la baie des Chaleurs produisait son ordinaire effet d’enchantement ; mer bleue, blancs oiseaux, champs d’iris. Après les rochers et le pont, ce serait le banc de sable perdu entre le miroir lisse du Barachois et la mer… Et j’aperçus là, la maison sur la dune ; ses fenêtres ouvertes, traversées par la lumière, elle ne se ressemblait plus. Elle ressemblait à une maison d’oiseau tombée de son perchoir dans un champ de marguerites. Des épinettes se dessinaient foncées sur sa blancheur de drap. Elle souriait, la mer et le ciel passaient par ses vitres d’un travers à l’autre, lui faisant des yeux bleus.

Même le souvenir de mon inquiétude s’évanouit comme une fumée, et nous entrâmes déjà heureux, dans la maison d’oiseaux.

Une nappe bien blanche était étalée ; un beau bouquet d’iris et de marguerites ornait