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AUX PHLOX
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Elles sont hautes comme des petites filles, la collerette de leur uniforme est large, immaculée, bien repassée ; leur visage doré est tout sourire… Elles sont heureuses, elles sont curieuses et vives, et peut-être coquettes, car elles dominent de haut les autres fleurs et font des grâces à tous les vents.

Pourtant, elles ne sont pas les plus belles. Venez avec moi voir celles qui les dépassent ; là-bas, près de la clôture, vous apercevez tout ce rose ? Nos églantiers en sont couverts. Nulle part ailleurs vous ne reverrez tant de pétales couleur d’aurore. Admirez ; les boutons si merveilleusement pliés sont presque rouges. Penchez-vous. Respirez-en le parfum. Mais ne les cueillez pas, je vous prie. Vous vous piqueriez inutilement les doigts. Nos roses sauvages sont délicates et farouches. Au moindre souffle, ou par timidité, elles s’effeuillent. Dans l’herbe il y a déjà de quoi faire une moisson de pétales tombés. Laissons aux fragiles fleurs leurs courtes heures de beauté, allons plus loin, voir de près l’or des épervières. Ces fleurs sont-elles assez haut perchées sur leurs longues tiges ? Admirez vite leur face ouverte, car, au crépuscule, tous ces petits soleils s’éteindront avec le grand…

Dans l’air, sentez-vous l’odeur de nos trèfles mêlée à l’odeur sucrée des résineux ? Et tenez, voici l’épée rose de quelques épilobes qui déjà