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AUX PHLOX
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feuillage, ils font des coussins splendides entre les traverses. On voudrait s’y coucher.

Quand toutes ces fleurs seront passées, nous aurons les immortelles, et nous aurons surtout les verges d’or. Ici, elles sont d’une teinte aussi joyeuse que celle des mimosas, tant chantés ailleurs. Notre Jardinier est bon, allez, c’est le meilleur des jardiniers !

— Votre Jardinier ? Mais c’est le jardinier de tout le monde. Des jardins comme le vôtre, n’appelle-t-on pas cela tout simplement des champs ?

— Tout simplement des champs, si vous voulez. Mais peut-on voir pareille beauté, et se taire et ne pas remercier Celui qui soigne ces innombrables fleurs et nous les donne ?

Chez nous, c’est peut-être que nous ne connaissons pas mieux, mais nous admirons du matin jusqu’au soir.

Du matin jusqu’au soir, la mer chante au soleil, le barachois luisant et calme reflète les montagnes, l’île ronde, les nuages. Du matin jusqu’au soir, dans nos épinettes glorieuses de leurs pousses neuves, des pinsons chanteurs répètent leur joie.

Leur joie, que nous partageons du matin jusqu’au soir, jusqu’au moment des journaux et de la prière, où, soudain, nous retrouvons la pensée des tracas que donne le monde à notre