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AUX PHLOX
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variés, plus fins ? Une longue rangée de conifères trace une diagonale sombre, du pied d’un mont à son sommet, que décore une étonnante forêt vieux rose ; ailleurs, des feuillages jaunes, orangés, cramoisis, mordorés, violacés, s’alignent, surprennent, éblouissent et émerveillent. Ou encore, auprès d’un bel érable complètement rouge, ondule sous le vent la chevelure blonde, légère, des merisiers, qu’on dirait tissée de blés mûrs. Et quel est là-bas cet arbre violemment orangé, dont la ramure compose un bouquet si parfait ? Et cet arbuste écarlate, qui surgit comme un tison, entre toute une ligne d’épinettes noires, minces, fines ?

Vraiment, nul petit lac au monde ne possède cadre plus splendide, plus luxueux, plus enviable. Le grand ciel bleu au-dessus s’étend lisse et pur, et par contraste monotone. Le petit lac fièrement fait oublier que c’est de ce ciel qu’il tire sa belle couleur ; il en reflète tant d’autres.

Tout au bas de la montagne, s’opposant aux tons chauds et vifs de la forêt, de gros saules, solides, en boules énormes, d’un vert éteint et tendre, en groupe de cinq ou six, se penchent vers la petite nappe d’eau bleue et semblent lui dire orgueilleusement : Nous non plus, nous ne changeons pas. Pour nous, c’est l’été.