Page:Le Normand - La Maison aux phlox, 1941.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[184]
LA MAISON

L’été ? Un papillon jaune très pâle vole juste au-dessus de l’eau limpide, finement ridée, comme le sable du rivage. Il vole très haut, vient-il de loin ? Il fait froid, comment vit-il encore ? Et soudain, il vient choir près de notre embarcation. C’est une feuille de merisier, mince, légère. Il n’y a plus de papillons. Les feuilles des saules, un peu plus tard suivront leurs sœurs. Le petit lac s’attristera.

D’ailleurs son eau que figera le gel ne sera plus agitée, mais glacée comme du verre… Et le grand cadre des montagnes, bossué, cossu, battu par le vent, la pluie, s’écaillera, se ternira, ses bouquets s’effeuilleront, la grande splendeur d’aujourd’hui s’éteindra.

Quel ton prendra le petit lac ? Sans son écrin, sera-t-il autrement, toujours joli ? Il est si petit, si étonnamment petit, grand comme un jeu…


II

Le tremplin

Le soir, dans l’eau lisse et luisante de la baie qui s’assombrit, avec son ombre, le tremplin ressemble à une grande bête aquatique : un crocodile, gueule large ouverte.