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LA MAISON

torrent mugissait, et en face, la montagne s’élevait abrupte comme une falaise. Tout en haut, on construisait une maison ; les planches neuves luisaient entre les branches. Pourquoi ne pas nous rendre à ce futur nid d’aigles ? La vue devait y être splendide.

Glissant, enfonçant, dans le chemin défait et escarpé, nous montâmes…

— Quelle idée, disais-je, de bâtir sa demeure en un pareil désert. Ils ne pourront pas se baigner.

Et nous montions encore. Nous avons bien monté à cinq cents pieds.

Au sommet, déception. La vue reculait. Ce n’était encore que la forêt fermée.

Déjà, les pierres d’un foyer s’étageaient. Ce chalet aurait de larges balcons. Et il serait tout à fait suisse, à pareille altitude. À la même hauteur que nous, là-bas, brillait la croix de Sainte-Adèle, au faîte de sa montagne.

Mais je répétais : Ils ne pourront pas se baigner…

Nous avançâmes, intrigués, pour découvrir entre une véritable clôture de bouleaux minces, drus, trop serrés, un lac si petit que je crus qu’il n’était qu’un étang. Un petit lac sauvage, personnel, et que la forêt emmurait. Ces gens auraient donc leur piscine à eux, en plein air…

— Eh bien, qu’en penses-tu ? Ils se baigneront, ils auront l’air des montagnes pour eux seuls,