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AUX PHLOX
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de nous un nouveau regard amical. De là, le lac se montrait tout rond, tout lisse, bleu ou gris suivant son humeur. Quand le soir venait, les maisons autour accrochaient à leurs fenêtres les couleurs du couchant, comme des lanternes. Le creux des montagnes en était tout égayé. Nous reprenions la montée. Au retour nous n’aurions qu’à redescendre, nous pouvions bien poursuivre encore notre promenade. Et sent-on jamais la fatigue dans un aussi beau pays ? Le chemin continuait entre ses innombrables arbres et les maisons maintenant espacées. Nous arrivions à un carrefour. Une route rurale à droite s’enfonçait vers je ne sais quelles profondeurs. Une affiche promettait à deux milles une superbe propriété à vendre.

Un jour, un lendemain de pluie, nous avons succombé au désir d’aller la voir. Nos souliers s’enfonçaient dans la boue épaisse. Nous traversâmes très longtemps un bois marécageux ; ces deux milles se révélaient des milles « d’habitants », ou mesurés à vol d’oiseaux. Nous marchâmes au moins deux heures, pour nous trouver à la fin enfermés dans un vallon triste où gîtait une maison à vendre. Une mince fumée sortait de sa cheminée. Solitude parfaite, d’un silence complet. Un peu avant de l’atteindre, nous avions croisé la voiture du docteur qui cahotait dans le chemin crevé. À côté du jardin, un