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Soir d’un jour de ski

Marie voudrait dormir. Dieu sait si elle est heureuse et lasse, après cette course d’une journée en montagne, mais elle a beau fermer les yeux, elle voit plus clair que s’ils demeuraient grands ouverts. Elle n’a quitté ni la campagne, ni les sentiers blancs, ni l’odeur de la neige, ni l’éclat du soleil. Malgré elle, et tout éblouie, elle recommence et recommence la promenade.

Une impression de béatitude suave et forte à la fois, persiste en elle. Ah ! l’eau fraîche et pure de l’air sur les joues, l’émerveillement du paysage, la plongée exaltante du haut des collines ! Depuis qu’elle est au monde Marie a goûté bien des bonheurs ; elle a vibré à bien des senti­ments. Mais toujours en elle subsiste une attente : insatisfaction, hâte, anxiété, désirs, regrets, l’empêchent de savourer en paix les plus beaux instants des jours. Seule la joie du ski, pour elle efface momentanément tout. Quand elle glisse sur la moelleuse neige, elle ne sent plus