Page:Le Normand - La Maison aux phlox, 1941.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[200]
LA MAISON

le passé, elle ne sonde plus l’avenir. Le tourment de vivre cède enfin à la plénitude blanche et bénie du présent. Marie peut alors comprendre ce que sera le ciel. Elle le possède.




— L’auto, quelle merveille ! se sont-elles écriées en partant.

Une demi-heure après avoir quitté la ville, elles étaient à douze cents pieds d’altitude, ayant laissé le sale printemps des rues, pour retrouver en haut un hiver tout neuf.

— Faites une prière, leur avait recommandé au départ la vieille bonne.

Quelle sainte invoquer pour patronner le ski ? Le plus sûr, n’était-ce pas la douce et bien-aimée vierge Marie ? et aussi leurs anges-gardiens ? Ainsi accompagnées, comment pourraient-elles revenir sur une civière ?

Leur joie avait éclaté lorsque, dans le paysage blanc, la voiture montait encore entre deux haies de neige et une forêt de pins.

Leur joie les submergea lorsque sur leurs skis, elles pénétrèrent ensuite dans la haute futaie. De jeunes arbres minces, noirs, gris ou blancs, masquaient la vue de la montagne comme une claire-voie. Un soleil éclatant régnait au-dessus d’elles, semblait les attendre sur le plateau qu’elles atteindraient tout à l’heure. Le sentier