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AUX PHLOX
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rebondit un peu plus loin, de plus en plus exaltée et joyeuse.

Quand, en bas, la pente s’adoucissait, elle se redressait, contente.

D’autres fois, elle tombait. Et ce sont encore ces descentes plus difficiles qu’en pensée elle essaie de refaire sans chute. Mais elle voudrait tout de même bien s’endormir enfin, elle voudrait se reposer, obscurcir le kaléidoscope de sa mémoire.

Pourtant, tard dans la nuit, les sentes blanches, pailletées d’or sous le ciel bleu, les sentes, un peu plus tard, qui rosissaient sous le soleil couchant, les longs dos des montagnes bleuissantes, les sapins pleins de joie dans la neige, le farouche petit écureuil, tout reparait sans trêve, tourbillonne, sous ses paupières fermées.

Marie voudrait dormir. Mais comment se plaindrait-elle d’une insomnie heureuse et colorée, d’une insomnie éblouissante comme un feu d’artifice ?