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AUX PHLOX
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Depuis deux jours, vous pouviez cueillir pour votre table quelques violettes et des pensées. Ce matin, sous la boule de feuillage, cent violettes sourient de vous surprendre autant, bien ouvertes, d’un mauve tendre, petites mais combien belles ! Et de grandes pensées jaunes, violacées, vous regardent de leur beau visage de velours.

Et la pivoine ! Non, ce n’est pas possible ! Il y a une semaine, des pousses roses pointaient à peine ; aujourd’hui, vous pourriez déjà compter les boutons.

Votre inexpérience s’amuse, s’étonne de tout. Jamais vous n’auriez cru, pauvre citadine ignorante, que faire un jardin réservait de pareils délices.

Les cosmos ont levé d’un doigt.

Et les capucines, — qui, d’après l’enveloppe, ne doivent être semées qu’à la mi-mai, et que dans votre empressement vous avez risquées, — les capucines étendent une tige et deux minuscules feuilles bien reconnaissables.

Ô joie. Exaltation même !

Vous mordez le bâton acide d’une rhubarbe. Vous regardez avec contentement autour de vous. Votre jardin n’est pas grand, mais il est juché sur une terrasse et domine les alentours. Dans la rue en bas, un orme splendide, géant, déplie avec soin ses tendres feuilles. Des gazons