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LA MAISON

Jamais ni son père, ni sa mère ne sortent pour s’opposer à ses jeux avec un jouet si coûteux et si dangereux. Beau temps, mauvais temps, l’auto d’ailleurs est dehors ; jamais elle n’entre dans la grange. Ainsi est évité l’inutile effort de l’en sortir.

Mais nulle enfance ne sera plus pittoresque, nulle ne sera plus douce que celle de ces petits. Du matin au soir, ensemble, ils jouent, chantent et s’amusent. Ils plantent des choux en français, dansent des rondes en anglais, manient la hache, la scie, la charrue, ce qu’ils veulent, et leur mère qui va et vient, le dernier-né sur les bras, passe, toujours souriante, jamais criarde, ni fâchée.

Naturellement, au village, les gens d’ordre trouvent à redire. Sur la terre des Xixtes, tout est cassé, paraît-il. Et le ménage n’est pas fait et les enfants sont vêtus à la diable ; la culotte de l’un est le lendemain celle de l’autre, les robes déteintes, trouées.

Mais la bonne humeur est le plus grand des biens et il faut avoir les défauts de ses qualités. Si madame Xixtes raccommodait bien le linge, lavait les planchers chaque fois qu’ils sont sales, comment pourrait-elle, quand son mari va sur les Caps faire les foins, tout laisser là et monter avec sa famille entière pour l’aider ? Tout le monde profite de l’événement. On ramasse des framboises. On dîne en plein champ. Le soir,