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AUX PHLOX
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pendant deux, trois jours de suite, on rentre en chantant, le père, la mère, les dix rejetons et autant de seaux de framboises dans la même voiture. Le cheval — le plus rapide et le plus joyeux de la paroisse, — traîne cette charge à fond de train, ayant aussi l’air de s’amuser, de rire.

Parfois, c’est en auto qu’au moindre prétexte, la famille va passer l’après-midi au bois. Pour les Xixtes, la vie est un continuel pique-nique. Quand ils reviennent, la Ford est décorée de feuillages, et elle résonne des chants nationaux de deux ou trois races !

Le souper au retour est une improvisation. Chacun s’en mêle. Une petite fille court au jardin potager, arracher quelques légumes. Un petit garçon descend au bout du champ, traire la vache dans un pot à eau. Ce pot à eau vous intrigue. Vous croyez que la vache ne donne pas assez de lait pour qu’on se serve d’un seau. C’est autre chose. Cette vache est stylée pour la maison, où la glace fait défaut, où tout le monde d’ailleurs adore le lait chaud. À n’importe quelle heure, au besoin, quelqu’un repart avec le même broc, et la bonne bête docile donne ce qu’on lui demande.

Les critiques ne manquent pas pour juger sévèrement une manière de vivre aussi discutable. Ils n’ont pas tort. Toutefois, si le bonheur