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LA MAISON

sait. D’une draperie qui l’avait ornée à gauche, ô miracle, elle tirait des godets pour la jupe. Elle avait un peu maigri. Elle la retailla toute, et l’empiècement de dentelle l’allongea des six pouces nécessaires. Et que c’était joli, le contraste de ce noir avec le blanc des bras et du cou.

Un grand enthousiasme anima Colette. Heureuse, elle chantait en travaillant ; puis, essayant sa création, elle allait en riant se montrer à sa mère. Le bonheur est parfois bien facile. Comme c’était amusant de réussir. Elle ferait croire à Pierre…


Mais elle ne savait pas mentir. Elle le laissa constater qu’elle avait une nouvelle robe.

— Ma foi Colette, elle vous va encore mieux que celle que vous aviez au dernier jour de l’an, quand je vous ai vue pour la première fois.

Était-ce le secret de l’attachement superstitieux de Colette aux robes du jour de l’an ?

Pierre semblait l’aimer depuis ce temps. Trois, quatre fois même, chaque semaine il trouvait des prétextes pour la voir. Dans cette grande ville de Montréal, n’y a-t-il pas toujours quelque conférence que l’on peut aller entendre à deux ?

— Vous l’aimez mieux, vraiment ?