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AUX PHLOX
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— Je l’aime mieux. Ou bien c’est vous que j’aime mieux et je crois que c’est la robe.

— L’autre coûtait beaucoup plus cher…

— Le prix n’y fait rien.

— Mais celle-là vaut beaucoup plus…

Et Colette attendrie raconta à son ami Pierre ce qu’elle ne lui avait pas encore dit :

— Vous savez, quand j’étais triste un soir, sans entrain, et que je n’ai pas voulu vous dire ce qui me tourmentait…

Les confidences d’abord émues, finirent par le récit de la composition laborieuse de cette belle robe…

Pierre adorait déjà Colette, mais sensé, pratique, prudent, il l’avait parfois redoutée. Elle était toujours si élégante. Il la croyait enfant gâtée. Il trouvait sage d’attendre pour lui proposer d’être sa femme que sa situation fût plus brillante.

Mais lorsqu’elle eut achevé son récit, se penchant vers elle et riant, d’un rire complexe et tendre où passait un peu du souffle qui animait, paraît-il, les hommes de l’âge de pierre, il lui dit :

— Colette, je veux qu’à Pâques nous soyons mariés !…