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AUX PHLOX
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Autre temps

Que pensait sa tante, quand de son balcon elle la voyait déboucher de la rue Saint-Hubert, et d’un pas ferme traverser en biais, son bagage sous le bras ? Pensait-elle :

— C’est bien ma sœur Hélène, laisser voyager seule une enfant de huit ans, c’est bien ma sœur Hélène, ne pas même nous prévenir de la rencontrer à la gare. C’est bien ma sœur Hélène…

La filleule arrivait chez sa marraine vêtue d’une robe de mousseline suisse, ou d’une robe de fil à carreaux roses. La filleule avait les cheveux coupés en garçon, au lieu d’avoir la tête ornée de jolies boucles comme sa cousine Estelle. La filleule portait des bas longs, un chapeau ridicule et un nom d’impératrice : Marie-Thérèse.

Mais le voyage ne l’embarrassait guère.

Deux fois chaque semaine, ne parcourait-elle pas ce trajet avec sa mère, lorsqu’elle était encore trop petite pour fréquenter la classe ?