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LA MONTAGNE D’HIVER

douleur et de crainte, que jetait soudain le mot de mort dans son âme en désarroi ? Si nous vivons proches de Dieu, ne demeure-t-il pas notre guide, notre soutien ? Que me dirait Louise ? Que nous n’aimons pas assez Dieu pour aimer la mort ? Que la faute originelle a obscurci notre intelligence, diminué notre faculté d’aimer ? Nous ne pouvons plus pressentir la lumière éternelle qu’à de rares instants ? Que la condition humaine, l’angoisse des jours, la peur de la mort font partie de la punition ? Qu’il faut patienter, prier, espérer et attendre, attendre, mais en agissant toujours pour le mieux et en servant les autres.


— Qu’est-ce que je ferai, moi, pour servir ?


Quand, à la veillée, Louise et Madeleine furent enfin seules au coin du feu, où Maryse était encore présente, elles parlèrent d’elle. Puis, Madeleine avoua :

— J’ai affreusement peur de la mort. Vous ?

— Moi aussi. C’est un sentiment naturel. Comme il est naturel que nous n’aimions pas Dieu d’un amour sensible comme celui que nous ressentons pour les humains. Nous avons besoin de toucher, de voir. Et la peur de la mort et l’imperfection de notre amour, cela se tient. Autrement, notre confiance au Père devenue parfaite, perpétuelle, nous serions déjà heureux et tranquilles ici-bas.

— C’est physiquement que j’ai peur. J’ai peur du saut d’un monde dans l’autre. Où est Maryse ce soir ? Qu’en pense-t-elle ? Nous voit-elle ?

— Tout est mystère. Mais croyants, nous devons essayer d’être constamment sans inquiétude. Ce saut dans l’inconnu qui te fait trembler, dont Maryse avait peur, et