Page:Le Normand - La Montagne d'hiver, 1961.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LA MONTAGNE D’HIVER

— Je te demande pardon, Hélène. Je ne savais vraiment plus où j’étais. Je suis distraite.

— Distraite ? Je n’appelle pas cela de la distraction, moi…

— De la folie, je suppose ?

— Non, non. Ne te fâche pas. Mais je t’assure qu’il faut que tu réagisses. Léon a raison de s’alarmer. Que tu le veuilles ou non, je t’amène à la maison et je ne te lâche plus, tant que tu n’auras pas pris une décision. Il faut que tu fasses quelque chose. N’importe quel changement, mais un changement.

Confuse, Madeleine ne résista plus.


Hélène devina que les lèvres de sa jeune sœur tremblaient et que ses yeux étaient humides. Les siens aussi se remplirent de larmes. Elle aurait aimé embrasser Madeleine pour la consoler, comme lorsque celle-ci était enfant et venait lui confier ses gros chagrins. Mais l’heure et le lieu lui interdisaient les manifestations de tendresse. Elle recourut à son remède favori et s’exclama pour la détourner de sa peine :

— Quel beau costume de ski !

Noir, admirablement coupé, avec un capuchon serré qui ressemblait à un bonnet de nonne, il habillait un mannequin aux traits aussi fins que ceux de Madeleine, mais qui exprimaient la joie. Comme fond de tableau, un paysage de neige et de sapins, et sur une colline, une maison rose dont la cheminée fumait. Le ciel trop bleu faisait irréel. Madeleine savait pourtant, que dans les Laurentides, les beaux jours d’hiver offraient cette couleur incroyablement pure.

Son regard s’alluma :

— Si je l’achetais ce costume, dit-elle.