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LA MONTAGNE D’HIVER

Tout à coup, Madeleine revit une image pieuse qu’une religieuse lui avait donnée à la fin d’une retraite, et qu’elle avait toujours conservée dans son missel. Sur le dos de l’image elle avait refusé d’accepter totalement les mots d’une prière. Ils demandaient au Seigneur de faire que nous cherchions à comprendre, plutôt qu’à être compris, à aimer, plutôt qu’à être aimé, et tout cela finissait en disant que ce n’était qu’avec la mort, que l’on ressuscitait à la véritable vie.

Elle le relirait ce texte. Elle l’avait en partie oublié. Aujourd’hui, elle se sentait mieux préparée à l’accepter. Jean, lui, était délivré, Dieu merci. En ce moment, où l’avenir lui semblait lourd, elle rendait grâce pour lui, même si son départ faisait d’elle cette femme désemparée et misérable.

Absorbée, Madeleine marchait maintenant sans frayeur et sans accablement. Hélène venait d’ouvrir pour elle une porte. L’effet du bon café absorbé au départ, l’air sec, vif, la stimulaient. Au coin de la rue Laurier, le feu de circulation était rouge. Elle se sentit impatiente, elle avait hâte d’arriver et d’écrire à Louise, pour régler au plus tôt ce premier problème.