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— IV —


Inquiète, craignant de retrouver en ville ses souvenirs douloureux, Madeleine dut rentrer à Montréal pour le Nouvel An. Hélène y tenait. Elle le lui signifia au téléphone avec sa brusquerie accoutumée. Elle viendrait la chercher. Mireille et Jean profiteraient de la voiture et feraient du ski. Elle-même avait des amies à rencontrer. Comme Madeleine hésitait, sa sœur affirma son autorité :

— Après tout, Madeleine, c’est moi, maintenant, la maison paternelle ! C’est chez nous, je veux dire. Et je n’accepte pas de défection. La famille n’est pas déjà si nombreuse. Les traditions sont les traditions. Tu viens. Un point, c’est tout. Et tu resteras jusqu’au lendemain des Rois. Pour que ta chambre soit à la disposition de Louise, qui doit recevoir plus de visiteurs. Il ne faut pas lui faire perdre les quelques chances que l’hiver lui apporte.

Cet argument pesa plus que les autres. Madeleine se rappela que son hôtesse avait parlé de dormir dans le salon, parce qu’elle avait promis depuis longtemps de recevoir deux jeunes filles qui n’avaient congé qu’à cette époque. « Pour si peu de temps, je leur céderai ma chambre », avait-elle dit.